GPA « éthique » ou « non éthique » – un débat purement français?

Delphine Lance. DR

Delphine Lance. DR

Qu’est-ce qu’une GPA « éthique » ? Doctorante en anthropologie, Delphine Lance a passé plusieurs mois aux États-Unis et en Ukraine pour comparer deux réalités opposées par de nombreux défenseurs d’une légalisation de la gestation pour autrui en France. Là où les pratiques américaines seraient « éthiques » et donc recommandables, l’Ukraine, elle, représenterait le versant « non-éthique » de la GPA. Pour en savoir plus, la doctorante a étudié l’ukrainien à l’université de Lviv puis a rencontré, pendant neuf mois, des directeurs d’agences et des gestatrices, entre Lviv et Kiev. Entretien.

Qu’est-ce qui vous a motivé pour aller en Ukraine et aux États-Unis ? Pourquoi avoir choisi ces pays-là ?

Je suis partie du débat français qui oppose la GPA « éthique », représentée par les États-Unis, et la GPA « non éthique », pratiquée en Inde et en Ukraine, par exemple. J’avais dans l’idée de dépasser cette opposition, ou du moins de voir ce qu’était la réalité sur place. J’ai toujours été un peu gênée par la hiérarchie faite entre ces deux catégories, et je pensais surtout qu’aller sur place était le seul moyen de vérifier si ce qui se disait été avéré.

Quelle était votre vision de l’Ukraine avant de partir ?

J’avais des stéréotypes en tête: des agences tenues par des réseaux mafieux, des femmes enfermées dans des dortoirs, obligées d’être mères porteuses pour de l’argent. C’est la vision que l’on a de l’Ukraine de façon générale: un pays dangereux, une marchandisation totale du corps de la femme. Certains m’avaient d’ailleurs avertie, dans le milieu universitaire, en me disant: « Fais attention! ». Mais je n’ai jamais eu de problèmes sur place.

Et quelle était la réalité sur place ?

La GPA est ouverte en Ukraine aux couples hétérosexuels mariés, depuis plus de 4 ans. J’ai rencontré plusieurs agences : InterSono, Ukrainian surrogates, New Life, UkrLegis, Successfull parents. Toutes ces agences refusent de travailler avec des couples français parce que la GPA est interdite en France et parce qu’il est très difficile pour l’enfant né d’une GPA d’obtenir ensuite un visa pour sortir du territoire. Les clients sont surtout des couples américains. Donc le cliché qui consiste à dire « toutes les agences acceptent de travailler avec n’importe qui pour faire du business » s’est avéré faux. Certes, certaines cliniques sont hors-la-loi et ont travaillé ou travaillent encore avec des couples homosexuels ou des célibataires. C’est le cas de Vita Felice devenue Vita Nova, et de BioTex. Mais elles sont minoritaires.

J’ai aussi fait des entretiens avec les mères porteuses. Les agences étant un peu récalcitrantes pour me mettre en contact avec elles, j’ai fait des recherches aussi sur des forums et j’ai contacté des mères porteuses directement. J’ai effectué en tout 27 entretiens dont la plupart ont été faits par téléphone. De ces femmes, 60% avaient déjà été mères porteuses et pour les autres le processus était en cours. Le « screening » (la sélection des mères porteuses, ndr) se passe de la même manière en Ukraine et aux États-Unis. Les candidates ont un premier rendez-vous de deux-trois heures avec une coordinatrice et des psychologues. Elles doivent avoir déjà eu un enfant, et elles effectuent des tests médicaux. Les agences vérifient aussi leur casier judiciaire. Tout au long de leur grossesse, les mères porteuses peuvent parler à un psychologue. Une personne de l’agence est toujours disponible pour leurs questions, elles peuvent l’appeler n’importe quand.

Quelles sont les motivations des mères porteuses ukrainiennes ?

Elles sont d’abord d’ordre financier. Une mère porteuse touche 10 000 euros pour une grossesse, et 3000 euros de plus si elle porte des jumeaux. Ensuite, les situations sont très différentes. Pour certaines, il s’agissait clairement de désespoir. Je pense notamment à une femme qui avait des dettes et qui m’a dit: « Pour moi, c’était soit vendre un rein, soit être mère porteuse. » Mais c’était une situation exceptionnelle. Pour la très grande majorité, c’était une manière d’améliorer leur vie. C’était le cas d’une  femme qui voulait reprendre des études de médecine. Celles-ci étant très chères en Ukraine, elle aurait dû attendre dix ans avant de pouvoir économiser la somme nécessaire. Pour d’autres, surtout la jeune génération, c’était une manière d’avoir son indépendance. Par exemple, une femme m’a expliqué qu’avec son mari, ils voulaient acheter un appartement, pour ne plus vivre avec leurs parents.

C’est-à-dire qu’en Ukraine le choix de la GPA est un moyen d’émancipation pour certaines femmes ?

Absolument. C’est ainsi qu’il est vécu par les mères porteuses. Une d’entre elles disait à son mari : « Écoute, je travaille dans une usine où je dois renifler de la colle toute la journée, et je gagne 150 euros par mois. Dans un an, tu crois que je vais encore pouvoir respirer ? Alors que là, je vais faire du bien, aider les gens, et en même temps je gagne ce que je gagnerais en cinq ans dans mon usine. »

Les mères porteuses que j’ai rencontrées travaillaient et gagnaient rarement plus que le salaire moyen en Ukraine, qui est de 200 euros par mois. Elles pouvaient être profs ou comptables, tout comme elles pouvaient être ouvrières, comme cette femme qui travaillait dans une briqueterie. Pour elles, la GPA est un travail. Ce n’est pas plus dangereux de faire ce travail que bien d’autres, et ça leur permet de vivre mieux. Il y en a quelques-unes qui le font dans des situations désespérées, mais j’ai envie de dire : et alors ? Ça permet à ces femmes de vivre dans un pays où il n’y a pas beaucoup de travail, et où il n’est pas bien rémunéré.

Quelle est la part de la rémunération de la mère porteuse par rapport à la somme totale payée par les parents intentionnels, en Ukraine ou aux États-Unis ?

En Ukraine, la mère porteuse touche jusqu’à 10 000 euros sur les 35 000 euros payés par les parents d’intention. Aux États-Unis, elles gagnent 25 000 dollars sur 100 000 dollars.

Cela veut donc dire que ce sont aux États-Unis que les intermédiaires se font le plus d’argent ?

Oui. Il y a des agences et des avocats qui ne vivent que de la GPA aux États-Unis: neuf grossesses par an permettent à un directeur d’agence de vivre. Ce n’est pas le cas en Ukraine où les agences sont des cliniques d’infertilité au sens large. Aux États-Unis, on ne veut pas que les mères porteuses puissent vivre de cette activité. Au contraire, en Ukraine, la rémunération d’une mère porteuse est très importante rapportée au niveau de vie du pays.

La décision d’être mère porteuse était prise seule ou en couple en Ukraine ?

Quand elles sont mariées, les mères porteuses sont légalement obligées d’avoir l’autorisation de leur époux. Mais pour ce qui est de la prise de décision, une seule femme m’a dit que c’était la suggestion de son mari. Généralement, la décision est prise par la femme elle-même. Beaucoup d’entre elles ont été donneuses d’ovocytes avant, et les agences les recontactent – quasi systématiquement – en leur demandant si elles seraient intéressées pour être mère porteuse. Ou alors ça peut être une voisine qui en parle: « Tiens, tu pourrais faire ça. ». Cela dit, elles ont souvent honte de leur décision parce que la GPA est mal perçue.

Pourquoi est-ce mal perçu ?

Les gens ne connaissent pas cette réalité. Quand j’en parlais autour de moi sur place, on me disait : « Mais non, on ne fait pas ça en Ukraine, il y a du travail quand même. » La religion a aussi un poids énorme. Donc ces femmes se cachent un peu. Elles ont besoin de soutien et tentent de valoriser leur geste, en disant: « Moi, j’aide quelqu’un ». Elles cherchent aussi des justifications par rapport à la religion: « Ce n’est pas un péché, la Vierge était elle aussi une mère porteuse. » Quand elles s’adressent à un prêtre pour avoir son avis et qu’il condamne leur choix, elles vont en voir un autre qui leur dira: « C’est bien, tant que tu n’as pas de relation sexuelle avec un autre et que tout est fait par FIV (Fécondation In Vitro). Tu vas t’aider toi-même et en même temps tu vas aider d’autres. » Comme il n’y a pas vraiment d’unité au sein de l’église orthodoxe, elles s’arrangent avec la religion.

La religion a beaucoup de poids aux États-Unis aussi. Plusieurs mères porteuses m’ont parlé de ça : « Dieu permet aux femmes de procréer, il m’a permis d’enfanter, il ne peut qu’approuver que je le fasse pour d’autres qui sont dans l’impossibilité de donner la vie. » Je pense à une mère porteuse texane, très croyante, qui à la fin de l’entretien m’a offert une Bible… rose, parce que je suis une fille ! Elle m’a présentée aux fidèles qui lui sont proches, en leur disant que je travaillais sur la GPA. Le rapport à la religion est très intéressant, quand on pense au débat français. Ici en France, la religion est avant tout garante de l’ordre moral et de l’ordre naturel. Là-bas, enfanter est un don de Dieu, que ce soit pour soi ou pour quelqu’un d’autre.

Donc vous n’avez pas trouvé la même honte chez les mères porteuses aux États-Unis ?

Non. L’environnement est plus favorable. Aux États-Unis les mères porteuses expliquent leur choix de faire une GPA par une volonté d’aide et n’évoquent pas l’argent. Leur discours est souvent très lisse, avec les mêmes propos, peut-être du fait des agences qui privilégient le discours du don – alors que pour ces dernières c’est quand même un vrai business. Les mères porteuses, elles, ne parlent pas d’argent mais quand je leur demandais : « Est-ce que vous l’auriez fait si ça n’avait pas été rémunéré? », elles répondent: « Ah non, non! ». Il y a parfois des exceptions, comme cette femme très croyante qui était dans le don et dont la prochaine grossesse sera pour un couple de sa paroisse, sans rémunération. Elle est ingénieure et gagne bien sa vie.

Le discours sur le rapport à l’argent est donc différent aux États-Unis et en Ukraine. Aux États-Unis, il n’y a pas de mères porteuses qui seraient dans la misère parce que les agences exigent un certain niveau de revenus. Et comme on considère que les mères porteuses ne font pas ça pour de l’argent, mais par générosité et par goût du don, on estime que ça ne peut pas être de l’exploitation. En Ukraine, les mères porteuses ne cherchent pas à cacher la motivation financière.

Donc si on considère que la GPA est un travail, plus on rémunère la mère porteuse, moins on exploite la personne. Si l’on considère que c’est un don, moins on rémunère la mère porteuse, moins on exploite la personne.

Oui, aux États-Unis, c’est un peu cette logique : ce n’est pas une exploitation parce que ce n’est pas vraiment un travail. Mais c’est assez ambigu. Par exemple les dons d’ovocytes aux États-Unis sont très bien rémunérés, ils peuvent s’élever jusqu’à 10 000 dollars. Alors qu’en Ukraine, la rémunération n’est que de 600 euros. Aux États-Unis, on n’a pas de problème non plus pour dire qu’on fait un don d’ovocytes pour de l’argent, même si on utilise quand même l’argumentaire du don, mais de manière moins poussée que pour le don de gestation. Il y a beaucoup d’étudiantes qui le font pour payer leurs études par exemple. Mais le don de gestation, c’est différent.

En France, certain-e-s font un parallèle entre la GPA et la prostitution en disant qu’il s’agit – dans les deux cas – pour les femmes d’utiliser leur corps pour gagner leur vie. Est-ce que ce parallèle existe aussi aux États-Unis et en Ukraine ?

En Ukraine, c’est assez présent dans les discours des mères porteuses qui disent qu’elles ne sont pas des prostituées – mais dans le regard de l’entourage, il y a autant de honte à être mère porteuse qu’à être prostituée. Ce sont des femmes qui travaillent et gagnent de l’argent en utilisant leur corps : leur utérus pour la GPA, leur sexe pour la prostitution. Les mères porteuses américaines n’abordaient pas le sujet d’elles-mêmes mais quand je leur posais la question par rapport au débat français, elles me disaient : « On n’est pas des prostituées, la prostitution c’est horrible ! ». La société américaine et leur entourage fait une différence notable entre les deux puisque là-bas on considère que la GPA est un don – et que la question de l’argent est totalement chassée des pensées. Pourtant, ce qui est curieux, c’est qu’aux Etats-Unis le don d’ovocytes est en même temps valorisé et très bien rémunéré.

Pour le don d’ovocytes, l’argent est assumé aux États-Unis. La différence avec le don de gestation où l’argent est plus difficilement invoqué, c’est peut-être qu’il n’y a pas de notion de sexualité potentielle dans le don d’ovocytes. Du coup, on peut parler d’argent sans que la femme soit considérée comme une prostituée.

Oui. Mais la notion d’aide reste présente même dans le don d’ovocytes.

Comment analysez-vous aujourd’hui l’idée d’une GPA « éthique » ?

Personnellement, je ne parle pas de GPA éthique. On peut mettre beaucoup de choses derrière ce mot « éthique ». Je pense que derrière l’idée d’une GPA « non éthique », telle qu’on l’entend dans le débat en France, il y a surtout le fait que des couples sont restés bloqués avec leurs enfants en Ukraine, en Russie ou en Inde. Les agences ne seraient donc pas « éthiques » parce qu’elles accepteraient de faire des GPA pour des couples dont elles savent qu’ils auront des problèmes administratifs insurmontables à la naissance de l’enfant. Cela existe, c’est vrai, mais c’est loin d’être toute la réalité.

La notion de GPA « éthique » est relativement récente mais de plus en plus présente dans le débat français. Comment l’expliquez-vous?

Je pense que c’est surtout une manière de répondre au discours des anti-GPA, dont certains soutiennent que la GPA n’est pas quelque chose d’éthique, et donc de se justifier. Dire que la pratique de la GPA est « non-éthique » en Inde, en Russie ou en Ukraine, c’est reprendre un peu le discours de Sylviane Agacinski (opposée à la GPA, ndr). Faire la différence entre une GPA « éthique » et une GPA « non-éthique » c’est une façon de dire que la GPA peut être éthique. Il y a peut-être derrière ça une stratégie politique. Et puis les opposants à la GPA ont beaucoup médiatisé des histoires sordides dans les pays soi-disant « non-éthiques » pour montrer « l’horreur de la GPA ». De fait, c’est un discours qui a convaincu certain-e-s intellectuel-le-s et que j’ai moi-même repris à un moment.

Dans le débat français, on a collé le mot d’ « éthique » à certains pays, et celui de « non-éthique » à d’autres pays: les pays du Sud et de l’Est pratiqueraient une GPA « non-éthique », alors que les pays d’Amérique du Nord seraient dans une GPA « éthique ». Il y a derrière cette opposition aussi des rapports de domination économique.

Oui, il y a cette division pays du Nord / pays du Sud, et des préjugés plaqués sur certains pays dont on ne connaît pas forcément la réalité. Cela renvoie aussi à une hiérarchisation entre les parents intentionnels, entre ceux qui choisissent la GPA « éthique » et les autres. Tout le monde n’a pas les moyens de faire une GPA aux USA. Il y a des parents qui vont en Ukraine parce que c’est moins cher – et même si c’est difficile de ramener l’enfant. La GPA en Ukraine, si je caricature, c’est un peu la « GPA des prolétaires » comparée à la GPA aux États-Unis.

Entretien réalisé à Paris, avril 2014
Propos recueillis par Mathieu Nocent et Taina Tervonen

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  4. Valentin

    1. Des questions liées à la gestation pour autrui
    Est-ce qu’il y a une femme qui ne voudrait pas éprouver la charme et la joie de la maternité? Même s’il faut passer des nuits blanches en écoutant la respiration de votre bébé et faire gaffe tout le temps. C’est que la prédestination principale d’une femme est tout de même de poursuivre sa lignée. Malheureusement, l’univers n’accorde pas une telle chance et une telle opportunité à toutes les femmes. Pour de nombreuses raisons: des maladies rénales ou l’insuffisance cardiaque, ou encore l’influence des facteurs génétiques ne permettant pas de tomber enceinte et ensuite porter le foetus, la femme ne peut pas mettre au monde un enfant. En ces moments, les vagues de désespoir déferlent l’une après l’autre, et il ne reste qu’une seule solution – la gestation pour autrui.
    En fait, la gestation pour autrui est une très bonne option pour les familles qui souhaitent résoudre favorablement la question de naissance de la future progéniture. C’est qu’elles ont une chance réelle, véritable et peut-être, unique, qu’elles attendaient depuis de longues années! Si le couple s’est décidé à faire cette démarche, tout d’abord, il faut prêter attention à la sélection de la clinique, en professionnels de laquelle vous aurez entièrement confiance, après la consultation, des médecins pourront faire tous les tests nécessaires et choisir une mère porteuse de la base de données.
    2. Le choix de gestation de substitution
    Gestation pour autrui
    Certains couples sont sérieusement inquiets de ce que la première rencontre avec la mère porteuse peut être psychologiquement difficile, mais notre agence travaillant dans ce domaine depuis de nombreuses années est en mesure de sélectionner presque parfaitement la mère porteuse pour un couple. Après que le père et la mère génétiques fournissent leurs matériels biologiques, l’ovule fécondé déjà prêt est transféré dans l’utérus d’une mère porteuse, et si tout va bien, cet ovule est transformé d’abord en un embryon qui grandit et se développe ultérieurement.
    En même temps, la mère porteuse n’est pas un parent consanguin de l’enfant. Elle le porte simplement au cours de tous les neuf mois, mais il convient de noter que, pendant la gestation, justement le corps de cette femme alimente l’enfant en toutes les substances nécessaires et prend soin de lui. Après la naissance, elle remet l’enfant au couple, avec lequel le contrat était conclu. Voilà pourquoi, afin de devenir une mère porteuse, il faut avoir la compréhension psychologique particulière de la situation et l’énorme volonté morale, ainsi que le désir sincère d’aider. La gestation pour autrui – c’est toujours un acte audacieux, voire radical, dont le résultat est la naissance d’un bébé en bonne santé, et cela compense exactement tous les efforts, toutes les émotions et tous les échecs qui ont eu lieu dans le passé. C’est juste le moment où le rêve se réalise.

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